Nom de Zeus !
Publié le 19 Juin 2021
Il y a parfois des événements qui nous rappellent que le jardin est une création fragile qui comme un funambule évolue en équilibre sur le fil du temps. Il nous ravit et nous comble quand les conditions lui sont favorables. Il nous inquiète quand la sécheresse s'installe, quand le froid est trop mordant et quand Zeus se déchaîne faisant hurler le vent et déverser les nuages.
Le jour d'avant, l'Allée du Tsunami rayonnait au soleil levant.
Le jour d'avant, dans le Clos Rouge et Blanc, les roses jouaient un concert de couleurs qu'encadraient les colonnes des bouleaux.
Le jour d'avant, la grande toile rose vif du rosier Maria Lisa s'étirait à l'entrée d'un cheminement. Enfin un liane qui se conduit avec douceur, peu épineux et faisant peu de bois mort.
Le jour d'avant, les rosiers formaient une prairie fleurie.
Le jour d'avant, il régnait comme un air de légèreté et d'insouciance dans les feuillages.
Le jour d'avant, le rosier Parfum d'Evita s'était fait un halo de pétales.
Le jour d'avant, dans le Jardin Bleu les delphiniums avaient allumé leur cierges azurés.
Le jour d'avant, dans le massif de la Faille coulait un joyeux mélange de rosiers, de spirées, de berbéris ... en toute simplicité.
Le jour d'avant, la grue couronnée gardait fièrement l'entrée de la Lande.
Le jour d'avant, le monde discret de l'ombre se tapissait dans le Taillis.
Le jour d'avant, dans la Clairière aux pintades, enivrés des dernières pluies, fougères, hostas, ... et notre chouchou du moment la Tradescantia andersoniana Blushing Bride avaient pleinement profité.
Le soir d'avant, l'atmosphère s'était faite lourde, plus lourde peut-être que d'habitude.
Et c'est dans la nuit que brutalement un violent courant d'air s'est fait ressentir. Tout s'est enchaîné ensuite très vite avec des gouttes de pluie qui résonnaient comme des grêlons, un ciel qui s'est embrasé comme une lampe à incandescence et des torrents d'eau qui se sont abattus poussés par de violentes bourrasques. Les arbres livrés aux éléments n'étaient plus que des poupées de chiffon désarticulées.
Le matin, de nombreuses grosses branches faisaient barrage aux cheminements, certaines avaient recouvert des massifs. Bois mort, feuilles jonchaient partout le terrain. Beaucoup de végétaux avaient adopté le mode carpette. C'est la première fois que le jardin était aussi durement touché et que nous nous trouvions confrontés à sa fragilité.
Il nous aura fallu trois jours pour dégager, élaguer les ramures. Il reste encore à faire mais c'est aussi comme cela que le jardin écrit son histoire.