Voici venu le temps des giboulées qui soufflent le froid et le chaud sur le jardinier, tantôt réchauffé par une éclaircie printanière, tantôt refroidi par une pluie de glaçons. C'est alors qu'il faut choisir sa fenêtre de tir pour voir ses projets du jour aboutir.

Contempler l'ébauche printanière telle l'améthyste sortie de terre

ou les brassées de roses du soltice d'hiver.

Le renouveau part à la rencontre des floraisons momifiées de l'été comme une boucle bouclée.

Une branche frangée de mousse enserre délicatement une bruyère fleurie tandis qu'un rayon de soleil nous enveloppe, alors le jardin se fait bonheur.

Et c'est donc le coeur léger que nous sommes allés à la découverte des nouveaux conifères arrivés à la pépinière Champ Fleury. Evidemment nous n'avons pas pu résister et nous avons décidé d'adopter :

Le cryptomeria japonica Sekkan. Nous étions déjà conquis par la légèreté des cryptomerias japonica Elegans Viridis mais là il y a une touche féérique de jaune en plus.

Le thuja ou Platycladus orientalis Franky Boy, un thuja aux allures de graminée et de bruyère avec des tonalités jaunes au printemps et orangés en automne, il nous fait penser à une version sophistiquée du thuja Whipcord. Ce thuja a été nominé aux journées de Courson.

Le Tsuga Canadensis Pendula au port atypique avec lequel on va sûrement bien s'amuser.

Après le temps des flâneries et des rêveries, vint le temps des poteries et le projet majorelle se déposa sur le jardin bleu.

Pour se faire, nous avons constitué des potées de lavandes, craqué pour un cupressus Arizonica Fastigiata taillé en boules et récupérés dans le jardin un picea glauca très tourmenté et un chamaecyparis lawsoniana Pelt's Blue.

On apprend que dimanche il y aura du soleil et encore d'autres projets au jardin.

Réminiscence de rocailles naïves ou reflet de haies en manque d'imaginaire, les conifères se sont souvent retrouvés mis au ban des jardins. Pourtant les ignorer c'est se priver d'alliés pour donner aux massifs des allures de paysage.

Pour ce faire les variétés naines n'ont pas leur pareil pour soutenir, souligner dans leur diversité l'écriture d'un massif.

Ajouter à cela leur permanence sans égal qui pour autant n'en est pas monotone et monochrome.

La palette n'est pas figée et se décline en vert, en jaune, en mordoré, en bleu et parfois sous l'effet du printemps, en colorations crèmes ou vert tendre sur les jeunes pousses.

Faciles à vivre et à associer, ils cotoient sans heurt bruyères, graminées, rosiers et vivaces de leur présence rassurante.

Ils adoptent naturellement des formes bien spécifiques mais se prêtent volontiers aux caprices et à l'imaginaire du jardinier sous l'effet du travail de taille.

D'autres ont des caractères qui les conduisent à sortir des sentiers et à se faire remarquables dans leur port statuaire.

Parfois même en se mimétisant dans l'ambiance du moment.

Où en développant des stratégies de pousse à nous en faire tourner la tête.

Et puis il y a l'espoir de voir un jour la frêle silhouette du sequoiadendron gigantea pendula se transformer en un spectre fantomatique qui errera sur la clairière.

Petite émotion quand pour la première fois les floçons de neige se sont posés sur le nouveau toit du colombier.

Mais l'épisode neigeux fut de courte durée et le week-end s'annonçait jardinier avec en tête un projet coloré. Notre terrain de jeu, l'espace japonisant que nous voulions dynamiser et rendre un peu moins sage. Pour ce faire quelques pots rouges plus tard, l'idée faisait son chemin dans le jardin.

L'ambiance de l'espace japonisant étant plutôt à la taille, on a décidé d'utiliser des pinus mugo qui depuis plus de six ans étaient en culture drastique dans des petits containers avec juste le minimum vital.

L'idée étant qu'ils vieillisent précocement dans un sol appauvri et se développent en bonsaï naturel.

Pour accueillir ces nouveaux venus, les bruyères ont été taillées en coussin en contre point des pots carrés.

C'est une nouvelle strate colorée qui s'installe au jardin comme une ligne de force pour le massif.

Osons la couleur au jardin l'hiver, c'est ce que se sont dit aussi les héllebores

et les chatons du noisetier.