Depuis début mai on ne compte plus les pluviomètres vidés et les jours sans soleil. Si le moral du jardinier pourrait être en berne cette impression est vite dissipée devant l'ambiance particulièrement joyeuse qui règne au jardin. Les tons acidulés des pousses de l'année ne cessent de se répandre.

Les ciels d'orages n'ont pas leur pareil pour mettre en lumière les feuillages jaunes comme ceux du Ligustrum ovalifolium 'Lemon and Lime' et du Gleditsia triacanthos 'Sunburst' qui se prend pour le soleil.

Face à ces douches intermittentes que des rosiers n'ont pas appréciées, le rosier Parfum d'Evita ne s'en soucie guère mais il ne peut nous délivrer pleinement son délicat parfum de muguet.

Quand la lumière se fait rare, elle se fait précieuse !

Belle surprise dans le Clos Rouge et Blanc qui n'a plus de rouge et de blanc que le nom avec l'arrivée massive de semis spontanés de digitales qui ont pleinement profité de la pluviosité.

L'entrée de la maison s'est trouvée assaillie par une horde végétale dont l'effet n'est pas pour nous déplaire.

Même les espaces les plus drainés ont conservé assez d'humidité pour que tous les végétaux poursuivent leur développement avec entrain.

La masse végétale est impressionnante et parfois l'on se sent tout petit dans le jardin.

Nous avions fait une taille sévère sur les conifères à l'automne, ils ont bénéficié d'un temps idéal pour récupérer en douceur.

Dans La Lande tout le mode se bouscule gentiment dans la diversité.

Dans le Passage Austral, les couleurs sont priorisées tant pour les feuillages que pour les floraisons.

S'il en est qui ne se plaindront pas de mai ce sont bien les fougères qui étalement leurs frondes tentaculaires.

Comme chaque année et depuis maintenant plus de dix ans notre petit groupe de jardiniers est parti sillonner le Périgord à la rencontre de ses jardins et de son environnement si riche en patrimoine.

C'est sous l'égide éclairée de Hélène, Rouge Cabane, que nous pu apprécier toutes ces merveilles.

Le jardin de Cadiot que nous avions visité il y a une douzaine d'années a beaucoup évolué dans sa démarche. Il se tourne de plus en plus vers une démarche naturaliste respectueuse de la biodiversité avec une prise en compte des pollinisateurs dans le choix des plantes, avec des techniques apparentées à la permaculture pour la couverture du sol. Une belle leçon de jardinage au naturel tout en conservant des éléments de structure formelle.

Les jardins d'eau de Carsac sont une ode à la flore aquatique avec un ensemble de bassins qui se déclinent dans une ambiance paysagère contemporaine et japonisante. Nous avons eu la chance d'y déambuler avec le propriétaire qui pendant trois heures nous a guidés dans son univers si particulier et envoûtant.

Les jardins de Marqueyssac. S'il est un lieu iconique des topiaires c'est bien celui-là et comment ne pas tomber sous le charme de ses tableaux verdoyants. La maitrise est totale et magique. C'est une déambulation impressionnante au coeur du buis.

Les périples jardiniers sont aussi l'occasion de rencontrer des jardiniers que nous ne connaissons qu'à travers la toile de Facebook. Le jardin de Simone fut un beau moment d'échanges et de partage en toute convivialité et nous avons pu apprécier de visu la diversité de plantation et la beauté des arbres dans un cadre privilégié.

La Chartreuse de Conty. C'est face à un panorama époustouflant que dans la simplicité du classicisme, le jardin sait se faire le faire-valoir du paysage en jouant sur les points de vue. Une belle rencontre avec ce couple de jardiniers qui ont su se mettre au service de leur horizon.

Les jardins de l'Imaginaire. Une immersion dans l'art paysager conceptuel où tout est symbole. Le visiteur est convié à un voyage initiatique qui raconte l'histoire de l'humanité et des jardins. Et pour profiter de la quintessence des lieux, nous avions une guide passionnée qui décryptait avec enthousiasme toute la symbolique qui nous entourait.

Le jardin de Planbuisson. Une plongée dans l'univers exubérant des bambous, le dépaysement est garanti. C'est aussi une autre façon d'appréhender le bambou que les jardiniers ont tendance à redouter et qui comme le grand requin blanc ne mérite pas cette réputation. Il faut apprendre à les connaître pour ne plus avoir peur. Nous avons beaucoup apprécié le parcours didactique.

Eyrignac et ses jardins. Encore une figure iconique, un incontournable de l'art des jardins à la française où tout n'est qu'ordre, perspective et formel.

Et pour finir le parcours, la pépinière du Lac des Joncs aux mains de Willy, un pépiniériste passionné, fou de plantes, c'est une caverne d'Ali Baba qui recèle mille trésors.

Nous avons aussi été conquis par le Périgord, par l'accueil de ses jardiniers, par le faste de ses paysages ponctués de châteaux sans oublier son passé préhistorique.

Encore un grand merci Hélène pour toutes ces belles découvertes en si bonne compagnie.

Avril n'aura pas failli à sa réputation soufflant à la fois le froid et le chaud entre anticyclones et dépressions, une ambiance chaotique qui n'aura pas été pour déplaire au jardin qui manifeste une vigueur qui tourne parfois à l'exubérance.

Rien de tel que quelques spécimens taillés pour apporter ici et là de la lisibilité dans le paysage qui se floute inexorablement.

Au fil d'avril les floraisons déroulent dans le jardin leurs nuages colorés comme dans le ciel des dépressions.

Dans l'Espace Japonisant la palette des feuillages s'intensifie et se diversifie.

Dans la Clairière aux roses la tendance est à l'acidulé en attendant les floraisons des rosiers, des cistes, des hébés et des bulbes d'été.

Dans les massifs d'ombre claire, le fleurissement est garanti avec les géraniums macrorrhizum et l'arrivée de la neige sur le Viburnum plicatum 'Kilimandjaro'.

Dans le Taillis les décors se renouvellent, les hellébores tirent leur révérence et fatsia, acers and Co prennent le relais.

Dans le massif de la Table Ronde, Rosa chinensis 'Sanguinea' ne semble plus connaître de limites et par bonheur il a un tuteur à la hauteur de ses ardeurs.

Comme un symbole de la pluviosité ambiante, l'escargot veille sur le cheminement du Passage Austral.

Petite vedette du moment pour sa floraison précoce et durable le Raphiobotrya 'Coppertone' étire sa silhouette colorée à l'entrée de la Lande.

Et mai arrive déjà pour de nouvelles aventures au jardin.