Duo pour un jardin

Tandis que le jardin se remet doucement du passage express du Moscou-Paris et qu'il profite maintenant d'une succession de dépressions, profitons-en pour cultiver les souvenirs. Nous vous emmenons en Normandie dans le jardin d'Agapanthe à Grigneuseville. C'est un jardin que nous avons découvert en 2009 et que nous eu plaisir à retrouver en juin 2017 malgré un épisode caniculaire peu propice au reportage photos.

Il est l'oeuvre évolutive d'Alexandre Thomas, architecte-paysagiste, passionné de plantes et pour nous, c'est un lieu envoûtant, déroutant et inspirant.

C'est un jardin qui est conçu comme une suite de mises en scène dans un dédale de cheminements.

Une des caractéristiques de ce jardin est d'avoir un sol totalement appareillé, soit de matériau comme la pierre, soit de sable. Ce parti pris étonnant confère à l'ensemble une atmosphère épurée et une mise en valeur indéniable des végétaux.

On y trouve de nombreux éléments en fer forgé associés à un travail de taille qui participent à l'expression graphique du jardin.

La maîtrise des végétaux est permanente et crée un sentiment d'opulence apaisé malgré la densité de plantation.

Dans chaque scène, il y a toujours un élément de décor pour focaliser l'oeil.

A l'origine du jardin, il y avait un terrain plat et il y a eu un énorme travail de terrassement qui a permis de créer des niveaux, des creux et des bosses. Ces mouvements de terrain alliés aux cheminements  amplifient la surface du jardin.

L'eau vive est présente et participe à la dynamique du jardin. On la retrouve ici se faufilant entre de grandes dalles et c'est une scène pleine de fraîcheur qui était la bienvenue.

Le jeu de textures et de formes est partout présent, le tout traité avec beaucoup d'élégance.

Lorsque floraison et graphisme se rencontrent, l'émotion n'est pas loin ...

et arrive avec cette scène d'aulx comme une belle leçon de paysage, minimaliste mais terriblement efficace.

La persistante-attitude continue à influencer nos envies végétales. Les plantations se poursuivent avec en autre l'ilex Aquifolium Mme Briot qui supporte relativement bien notre terre calcaire. Son feuillage n'est pas particulièrement épineux et on aime la luminosité de son feuillage.

Il a été associé à des euonymus, des fatshederas, un mahonia, un sarcoccoca, un fatsia, un abéllia et des nandinas.

Parmi les persistants tout terrain, il en est un qui supporte toutes nos facéties de mise en forme dans une relative bonne humeur, c'est le lonicera nitida même si le soleil brûlant lui cause parfois quelques dommages.

C'est un véritable matériau de construction végétale avec lequel on peut modeler des murs. Si sa plasticité est sans limite, il nécessite des tailles régulières pour conserver ses formes.

Presque improbables chez nous, les cistes ont cependant élu notre terre argileuse et calcaire. Elles s'y développent avec bonheur même la variété Rospico, particulièrement lumineuse.

Les cistes ont une forte présence dans les massifs en hiver et offrent en été un festival de fleurs de soie fripée. 

Un massif boulimique composé essentiellement d'ifs, de ligustrums, de cistes et d'abélias. Quant aux buis, ils sont progressivement enlevés et remplacés.

Un des seuls houx épineux qui a bien voulu survivre chez nous en compagnie d'un bambou nain qui a l'avantage de ne pas tracer dans le massif et qui se contente d'encadrer tranquillement la petite fontaine.

L'if se prête aux tailles les plus fantaisistes et le vert sombre de son feuillage se découpe aisément dans le paysage.

La persistance des feuillages associée à la taille peut aussi constituer des tableaux paysagers d'arrière-scènes avec ici if, viburnums tinus, lauriers cerise et bambous.

Très statuaire est le betula utilis pendula Long Trunk avec à son pied un tapis de bruyères darleyensis capables de résister au calcaire et à l'argile compacte.

Et notre vivace préférée du moment, l'hellébore. Un monde qui se décline à l'infini, au hasard des semis et dans la découverte de variétés toujours nouvelles. Elles ne sont pas spécialement adaptées au terrain lourd mais l'important réseau de racines que l'on a dans le jardin leur permettent cependant de vivre honorablement pour notre plus grand plaisir.

La période est propice à la réflexion sur l'attrait des jardins en hiver et ce qui peut continuer à les animer dans cette saison délicate. Pour poursuivre le cheminement de Rouge Cabane dans son article magistral sur les persistants, nous allons nous aussi vous faire partager quelques uns de nos coups de coeur de la famille des imperturbables. 

Un sujet d'ailleurs fort à propos puisque nous allons profiter de la trêve hivernale du week-end pour en planter une belle brouettée composée de différents euonymus, nandinas, ilex et aussi un semi-persistant, le berbéris Red Jewels.

Auprès de la maison, les potées d'hiver sont garnies de petits conifères de rocaille avec au premier plan le thuya Golden Tuffet, tandis qu'en arrière plan, un abélia grandiflora Kaleidoscope taillé en plateau ponctue le chemin. Comme tous les abélias, la floraison dure plusieurs mois et certains au jardin ont encore des fleurs.

Rien de tel pour éclairer les massifs en hiver que les choisyas Sundance. Il est pour nous le plus vigoureux des choisyas dorés et il est particulièrement résistant à la sécheresse. Comble de bonheur, il supporte les terres lourdes.

Plante fétiche du moment au Vigneau, les nandinas sont particulièrement appréciés pour leurs couleurs hivernales et printanières. La variété Fire Power reste très compacte et ne produit pas de fruit. Son développement est très lent ce qui permet très facilement de l'intégrer dans les massifs par tâche.

De forme érigée, le nandina domestica est remarquable par sa fructification hivernale et son port en canne dressée. C'est aussi un facile à vivre.

Un petit coin de massif permanent où l'on retrouve des abélias, un feijoa Sellowiana au feuillage bleuté et qui au printemps adopte un charme exotique grâce à ses fleurs blanches en corolles aux longues étamines pourpres. A leurs pieds s'étalent divers euonymus, des bruyères et un lierre arborescent qui ravit les butineurs tardifs.

Dans la clairière aux roses trône un vieil abélia Francis Mason avec en contrepoint des têtes de  ligustrums Jonandrum sur demi-tige.

Sur le mur du colombier, c'est un hedera Sulfur Heart qui fait tapisserie face à un prunus Lusitanica variegata qui lui aussi apporte de la lumière.

On intègre de plus en plus de conifères dans les massifs car on découvre de nouvelles variétés intéressantes tant par leur graphisme que par leur coloration. Et l'on s'aperçoit que beaucoup acceptent la taille. Un petit coup de coeur pour le cryptomeria Sekkan Sugi à la ramure jaune citron au printemps.

Une belle présence sur la terrasse l'hiver que le picea orientalis aureospicata, surtout quand la neige se mêle au décor.

Notre passion pour les euonymus s'avère sans limite mais eux non plus n'ont pas de limite quant à leur résistance à l'ombre sèche. Au printemps c'est un festival de verts acidulés et de jaune. 

Et pour achever ce petit tour non exhaustif de persistants au jardin, passons sous la voûte des ifs symbole d'éternité.

Le monde des persistants est à découvrir et à redécouvrir, grâce à lui le jardin vaut plus que six mois.

Un soleil qui semble nous oublier, de la pluie devenue familière, des températures clémentes, voilà un cocktail bien particulier en cette période de l'année. Et même si le jardinier est un peu dérouté, il suffit d'une éclaircie pour qu'au jardin il se précipite.

Le jardin quant à lui en profite pour faire surgir ses premiers bulbes. Lentement mais sûrement les touffes de perce-neige s'étoffent. 

Plutôt précoces cette année, les crocus se sentent un peu isolés.

N'ayant eu à souffrir jusqu'alors d'aucune gelée, les primevères prospèrent dans les potées et dans les massifs.

Le petit coup de coeur hivernal, on l'a eu pour l'hellébore orientalis Magic Yellow que l'on a installé sur un tapis de vinca minor aurea

Et pour compléter le massif des hellébores orientalis, nous l'avons contre planté d'hellébores Candy Love et de quelques primevères blanches.

Dans les massifs de sous-bois, les hellébores sont reines, elles ont bien récupéré de la sécheresse estivale.

Rien de tel qu'un hamamélis dans un massif pour garantir un effet soleil.

Ce matin, il y avait un petit air de printemps qui nous accompagnait propice à la sortie des outils.

Mais c'est sous une bruine que nous avons poursuivi les plantations du talus avec des éclats d'iris japonica variegata.

Un chantier à venir, celui de la taille des graminées et des hydrangea Annabelles.

Sous le regard de l'Edgeworthia chrysantha Nanjing gold, le choisya Aztec Gold comme un petit clin d'oeil au billet bien documenté de Maryse sur les choisyas sur le blog Au Gré du Jardin.

Beaucoup plus vigoureux que le choisya Aztec Gold, le choisya ternata Sundance se prête à toutes les tailles et à toutes les formes. On l'aime pour sa silhouette lumineuse même en hiver.

C'était une journée jardin comme on les aime. On a bien fait d'en profiter car il semblerait que février va réveiller ses ardeurs hivernales mais pour combien de temps ?

Profitons de ce temps gris et brumeux pour une nouvelle invitation au voyage. Imaginez que vous êtes au mois de juillet à Aulon en pays creusois et que vous débarquez dans les jardins de la Sagne.

Une entrée qui affiche humour, fraîcheur et spontanéité et qui sont également les traits de Valérie, la maîtresse des lieux. C'est un jardin qui a une vingtaine d'années et qui s'est construit à force de boutures, de greffes et de persévérance.

Ici pas de parcours sophistiqué, juste un cheminement au gré de l'évolution de la végétation. Car c'est bien là l'une des caractéristiques de ce jardin que de promouvoir le naturel, sans aucun traitement avec pour seuls auxiliaires les insectes, les oiseaux et en s'appuyant sur la biodiversité.

Situé à 450 m d'altitude, le jardin n'a que trois mois de hors gel mais durant ces mois la pousse est maximale. L'été très humide le rend printanier même fin juillet.

Le naturel n'empêche pas l'humour. Peut-être a t'on trouvé ici le moyen de terroriser la pyrale ?

L'utilisation importante des couvre-sols participe à la netteté du tracé des massifs tout en préservant l'aspect naturel.

Impressionnante est la diversité végétale et d'autant plus lorsque l'on sait que la plupart des végétaux sont issus de boutures maisons.

Une atmosphère apaisante se dégage de l'ensemble des scènes qui se succèdent

et l'on se laisse doucement envahir par un sentiment de sérénité.

Des lieux comme des envies d'école buissonnière.

C'est alors que le jardin s'ouvre

sur une ambiance de lande avec de nombreux conifères et des graminées.

Pouvait-on rêver meilleure halte que ce point d'eau sauvage pour partager un pique-nique avec les amis blogueurs du club de six qui nous accompagnaient et les rafraîchissements que nous avaient apportés les propriétaires.

Encore un grand merci à Valérie de nous avoir fait partager sa passion et au delà sa philosophie du végétal et son combat pour la préservation de la biodiversité.

Chacun de nous est reparti avec des petits plants qui vont essaimer aux quatre coins de France.

C'est au coeur de la Normandie et en plein épisode caniculaire que nous sommes retournés au jardin de Valérianes. Nous avions découvert ce jardin il y a quelques années et en avions gardé le souvenir d'un jardin radieux et de ses jardiniers heureux.

Un petit préalable pour dire que les prises de vue ont dû se satisfaire d'une lumière particulièrement agressive et redoutable pour rendre compte des subtilités chromatiques des scènes de ce jardin.

C'est un jardin qui a évolué au fil du temps et de la disponibilité de ses propriétaires puisque désormais ce sont deux jardins que l'on visite et qui rendent compte de l'évolution de l'oeuvre jardinière et de l'expérience acquise par ses jardiniers autodidactes.

La partie ancienne du jardin exprime un charme romantique foisonnant qui épouse avec de jolis points de vue la campagne environnante.

Les vivaces sont reines dans les mixed-borders. Un charme naturel très british empreint de douceur et de subtilité dans le détail se répand dans le jardin.

Dans cette partie de l'entre-deux qui marque l'entrée du deuxième jardin, c'est une explosion de nature savamment maîtrisée qui nous invite à la visite.

C'est un univers différent qui nous accueille. Outre la diversité impressionnante des espèces végétales, le jardin se fait paysage appuyé par des éléments graphiques créateurs d'ailleurs.

La qualité du terrain et les soins apportés permettent aux plantes d'exprimer toute leur quintessence et conduisent au ravissement.

Comment ne pas se sentir porté par ce paysage du Levant ?

Comment ne pas se laisser aller à rêver sur la grève au pied de l'érable ?

Un voyage qui se poursuit au rythme des scènes.

Un monde comme un tableau pensé dans la transparence, dans la taille et dans l'harmonie des volumes.

Un jardin comme un parcours botanique qui nous a fait découvrir moult variétés d'arbres et d'arbustes aux feuillages et aux écorces extraordinaires.

Un grand merci à vous, Marylin et Michel de nous avoir ouvert votre petit coin de paradis. La beauté de votre jardin n'a d'égale que votre simplicité à partager.

Il s'est présenté à l'entrée du jardin, certes encore pâle et intimidé mais il ne nous en fallait pas plus pour retrouver l'envie jardinière.

Il faut dire que l'atmosphère plombée de ces dernières semaines n'était guère propice à la contemplation.

Mais voilà le rayon de soleil qui change tout symbolisé par la floraison de l'hamamélis Arnold Promise.

Quel plaisir de retrouver les corolles d'albâtre de l'hellébore Candy Love et de sentir poindre la floraison des hellébores orientales.

De sa silhouette dégingandée et lumineuse, le jasmin d'hiver anime le massif du talus

en écho aux persistants : euonymus, conifères, bruyères, choisya.

La vie au jardin est encore portée par les feuillages, les textures et les formes

avivées par le travail de taille

et sublimées par un un soleil rasant d'hiver.

Pour ce début d'année, nous vous proposons de partir à la rencontre d'un des jardins mythiques de la Creuse, l'arboretum de la Sédelle que nous avons eu le plaisir de découvrir fin juillet avec nos compères jardiniers du club des 6, Hélène du blog Rouge Cabane, Maryse et Jean-Luc du blog Au gré du jardin et Fred du blog Le jardin du Mayet.

C'est dans une vallée en friche au pied de la rivière la Sédelle dans un environnement classé Natura 2000 que les propriétaires Nell et Philippe Wanty depuis une trentaine d'années ont développé ce sanctuaire de l'arbre. Et pour présenter plus de 400 espèces, c'est le parti pris de l'art paysager au naturel qui a déterminé leur démarche et qui fait de cet arboretum un lieu émouvant et poétique.

La visite commence par une plongée en douceur dans la vallée animée par les courbes des topiaires et ponctuée par moults variétés d'érables et de chênes

et bordée par des massifs d'hydrangéas Annabelle dans une épure de couleurs.

La descente se poursuit dans le moutonnement des rhododendrons bien discrets à cette époque de l'année mais on en imagine les masses colorées au printemps. 

Sur le chemin quelques fabriques imposantes réalisées dans les matériaux locaux qui confèrent au lieu une atmosphère druidique.

On y a fait de belles rencontres comme ce groupement d'acers griseum qui nous ont fait bien rêver.

Le cheminement se poursuit dans un dédale buissonnant et enchanteur

qui nous conduit jusqu'à une pièce d'eau où s'ancre un kiosque à la toiture de tavaillons argentés. L'atmosphère y est paisible et intemporelle.

Et puis l'on arrive à un des points d'orgue de ce jardin avec la création d'une lande que les propriétaires ont entièrement plantée. L'effet est saisissant de naturel, l'instant est magique.

Et en écho à l'envoûtement que l'on peut ressentir après une si belle rencontre avec le végétal, la Sédelle nous offre le clapotis de ses eaux vives et de ses gros rochers émoussés et moussus.

Un grand merci à Nell et Philippe Wanty pour leur accueil chaleureux et de nous avoir transportés dans leur monde.

Une année qui pour nous s'est achevée et a commencé en Bretagne où nous étions aux premières loges pour savourer Carmen. 

Le nandina, ne serait-il pas un arbre de Noël ? En tout cas ce ne sont pas ses boules qui le contrediront et qui mettent le jardin en fête.

Les têtes fauves des hêtres moutonnent en couleur le massif du Levant.

Depuis quelques temps les merles peu sensibles à la déco font leur marché sur le dos des pyracanthas.

Le berbéris non content d'une petite remontée florale, nous a aussi fait une jolie fructification bleutée.

La pause café n'est plus de saison et sur la table ronde place aux décorations.

A Noël tout est permis, les oiseaux se font d'albâtre, les étoiles de fil d'argent et les pots de cristal.

Un challenge pour les jacinthes, être en fleurs pour les fêtes, n'oublions donc pas de rentrer le panier.

Dans la véranda, début de répétition

car il n'y a plus que quelques marches à gravir avant le grand soir.