Nous voilà repartis sur les routes de la Creuse en compagnie de Hélène du blog "Rouge Cabane", de Maryse et Jean-Luc du blog "Au gré du jardin" et de Fred du blog "Le jardin du Mayet". En si bonne compagnie et en chemin nous avons vécu de belles aventures. Celle que nous vous contons aujourd'hui s'est passée à Crozant dans les jardins Clos du Préfons.

C'est un personnage haut en couleur et atypique qui nous a accueillis en la personne de Christian Allaert, pétri par la mouvance des concepts du jardin en mouvement de Gilles Clément dont il avait été l'élève.

"Hâte-toi toujours lentement" telle est la devise inscrite dans la mosaïque qui marque l'entrée du jardin. Le ton est donné car le jardinier des lieux jardine aussi la pensée.

Nous voilà sous le charme, emportés par le discours poétique et philosophique de Christian Allaert dans sa relation à la nature et au jardin.

Un "jardiner" autrement, à l'écoute du végétal dans le respect de son évolution, dans lesquelles les scènes du jardin se composent en complicité avec la nature et à son rythme.

Une démarche qui peut apparaître déroutante pour les amateurs de mixed-borders et de jardins léchés. Ici c'est "le faire avec" qui domine. Le jardin se situant en zone humide, l'eau est prétexte à de nombreuses scènes aquatiques

avec un appareillage qui s'est fondu dans son environnement avec le temps.

Chaque fontaine a son histoire, sa quête de pierres taillées trouvées dans les champs alentours.

On retrouve aussi cette dimension dans le traitement des scènes végétales qu'il nomme "la friche organisée". L'effet produit est saisissant et l'imagination vagabonde jusqu'à des lieux de cultes animistes

que le promeneur découvre comme autant de lieux primitifs.

Parfois c'est la nature qui commande et un saule tombé devient prétexte à la création.

Ainsi s'organise le paysage avec un minimum d'intervention. Quelques rejets de saule en topiaire

et quelques haies taillées pour imprimer l'acte jardinier

Comme des repères dans cette ambiance floutée, de beaux appareillages guident nos pas.

Une visite comme un voyage au coeur de l'intime, au coeur d'une démarche singulière, c'est presque bouleversés et avec regret que nous avons quitté cet homme et son jardin. Pour nous ce fut un temps d'enseignement, une rencontre philosophique sur le rapport de l'homme à la nature.

Un grand merci à vous Christian pour nous avoir fait partager votre richesse.

Depuis le début de l'automne, le massif des statuaires s'est garni de nouvelles plantations avec des petits lierres venus du jardin de la Mare aux Trembles. En face le talus a accueilli des éclats d'iris tectorum dont l'une des particularités est de conserver un beau feuillage tout au long de l'année.

Toujours dans la cour, les pyracanthas apprivoisés participent à la palette automnale par leur fructification en écho au rougeoiement du cotinus, de l'érable et des cornus.

Plus délicate est la rencontre entre l'aster Lady in Black et la remontée du rosier Astronomia.

Tout en nuance également les fruits bijoux du callicarpa dans l'écrin de son feuillage automnal.

Petit arrêt sur le pic solaire produit par le cercis Hearts of Gold sous le couvert des graminées.

Dans le massif de la Lande, le cedrela au centre attend sagement le printemps pour enfin rivaliser avec le berbéris Rosy Glow et la remontée du rosier Pomponella.

Que serait l'automne sans un tapis de feuilles sous une voûte aux ramures qui s'illuminent doucement.

Les créatures du jardin profitent encore de la douceur des températures avant l'hivernage.

Le gardien de l'espace japonisant prendra lui aussi ses quartiers d'hiver.

De nouveaux venus ont élu domicile dans le roncier.

Et une petite chouette a trouvé refuge auprès de la cahute aux érables.

C'est ainsi que chaque jour le jardin écrit une nouvelle feuille.

Portés par les rayons du soleil, nous avons atterri dimanche midi dans le jardin de Maryse et Jean-Luc du blog Au gré du jardin.

La douceur estivale qui régnait n'avait d'égal que l'accueil chaleureux dont nous furent l'objet. Quel plaisir de se retrouver ainsi pour un déjeuner promenade au jardin.

On l'aime ce jardin qui sent bon l'amour des plantes et qui s'est fait dans les émotions et les coups de coeur. D'ailleurs le petit coup de coeur on l'a eu pour ce rosier rouge au feuillage pétillant.

A chaque fois on se laisse emporter par la douceur des mises en scène

ponctuées de morceaux choisis de décoration.

Les cheminements nous font traverser des paysages qui nous conduisent vers des ailleurs.

A la découverte de massifs qui abritent de jolis accords comme celle du callicarpa dont les fruits aiment à flirter avec les pétales des asters.

ou la remontée d'un rosier dans un nuage d'étoiles.

De circonstance aujourd'hui a été la rencontre avec le jardin africain aux chaudes tonalités

où se développe un majestueux bananier entouré de quelques exotiques.

Encore un gros coup de coeur pour ce ginko pendula.

C'est alors que le jardin intimiste s'ouvre sur le paysage au travers d'une pergola contre plantée de divers rosiers lianes.

Pour finalement épouser le paysage tout entier et offrir au jardinier une halte contemplative.

Merci les amis pour ce doux moment de partage, de passion et d'amitiés. Aujourd'hui l'automne avait un goût d'été.

Le jardin entre en automne et déjà les premiers signes de métamorphoses apparaissent, les feuilles s'illuminent et pleuvent au sol.

Alors est venu le retour des grands chantiers. Le vieux four à chanvre recouvert par les friches depuis de nombreuses années s'est remis à respirer. C'est l'occasion de faire revivre l'histoire du lieu en y ajoutant la nôtre avec quelques futures plantations.

L'un des titans du jardin a eu droit à un toilettage

ce qui a permis d'alléger sa ramure et de libérer de la lumière.

Le bosquet aux roses s'est finalement transformé en massif. Aux conifères que nous avions déjà installés, nous avons ajouté plus d'une cinquantaine de bruyères. Le sol de ce massif n'a pas été labouré mais juste décapé au coupe-fil. Il a ensuite été recouvert d'une épaisse couche de broyat fourni par les tailles automnales.

Et durant ce temps le jardin continue son petit bonhomme de chemin floral avec ici l'association sedum aster, un duo infatigable.

Dans la permanence des feuillages du massif de la table ronde, l'aster lateriflorus Coombe Fishacre s'est épanoui.

Une association qui met des étoiles plein les yeux est celle qui réunit le dahlia Honka red et l'aster Lady in Black.

Une association de fin d'été par excellence, c'est la sauge Amistad et la verveine de Buenos-Aires. 

A l'abri du cercis, l'hydrangea Annabelle a conservé ses têtes blanches qui répondent à un face à face avec l'aster Henri Picot

qui culmine à plus de 2 m !

Plus timide mais diablement sympathique et pittoresque est le Rostrinucula ou menthe en arbre, qui développe ses épis arqués rose lavande.

Ainsi le jardin fait ses premiers pas dans l'automne et annonce encore d'autres tailles et d'autres plantations.